Belgique / Histoire

Crimes de guerre au Borinage


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Le 3 septembre, vers 8h45, avenue Demerbe à Jemappes, des Résistants canardent, depuis le terril tout proche, un important groupe de soldats en retraite. Les Allemands, essentiellement des Fallschirmjäger (troupes parachutistes) accompagnés de supplétifs tatars de la Volga sont combatifs et ripostent.

L’escarmouche dure une demi-heure et s’ils subissent quelques pertes, les parachutistes dispersent leurs assaillants. S’en suivent des représailles. Des grenades sont jetées par les soupiraux des caves et dans les maisons des alentours.

Des habitants sont jetés hors de chez eux et leur intérieur saccagé. Les paras rassemblent les riverains de l’avenue Demerbe, les femmes d’un côté, les hommes de l’autre. Les femmes profitent d’une attaque aérienne pour fuir et s’éparpiller dans les rues avoisinantes a contrario les hommes sont fouillés et dépouillés. Ils sont ensuite emmenés plus loin, alignés contre le mur des laminoirs Canon-Legrand, ils sont mitraillés par un blindé.

Sept hommes sont abattus : Joseph Beck, Emile Fagniart, Gaston Hoyoux, René Mairesse, Hector Quintin, Edouard Sirault et Frans Splingard. Leurs noms sont rappelés par la plaque en bronze au fond de l’actuelle rue Richebé. Cinq autres survivront à leurs blessures.

Leur crime perpétré, les soldats allemands traversent le canal de Mons à Condé par le pont de l’écluse et apparaissent à la route de Baudour. À la vue des soldats, les habitants sortent à la rencontre de ceux qu’ils croient être des Américains.

En effet, les parachutistes allemands ont une silhouette (casque dépourvu de couvre-nuque, filet de camouflage) et une tenue (survêtements camouflés, bottines plutôt que bottes) qui diffère de celle, vert de gris, des troupes d’occupation à laquelle les riverains sont habitués. La méprise va être cruelle. Les témoignages évoquent des soldats furieux qui « enfoncent portes et fenêtres, brisant le mobilier et faisant sortir les hommes à coups de pied et à coups de crosse. » à la recherche de « terroristes ».

Comme à l’avenue Demerbe, les hommes sont séparés et emmenés jusqu’à la sortie du parc communal tout proche, où ils sont laissés. Frans Willamme qui faisait partie du groupe témoigne peu après, auprès des enquêteurs de la Commission des Crimes de Guerre : « Croyant être libres, nous sommes revenus en groupe, en empruntant le même chemin. Arrivés près de la grille du parc, nous nous sommes trouvés en présence d’un officier allemand qui a donné des ordres à une poignée de soldats qui se tenaient près de lui […] les mitraillettes se mirent à crépiter ».

Si certains parviennent à se sauver, non sans avoir été touchés, quatorze hommes sont froidement abattus. Les blessés, achevés à coups de crosse. Ces victimes s’appellent : André Cardinal, Désiré Cardinal, Marcel Cheron, Fernand Deghislage, Jules Donfut, Fernand François, Marcel Houdart, Louis Laurent, Auguste Leblanc, Jules Levêque, Valère Levêque, Fernand Mondron, Raoul Noël et Nicolas Perez.

Rue Richebé 107, 7012 Jemappes